Le collectif 88% défend l’idée que la publicité est omniprésente et qu’il faut au contraire la limiter au maximum, voire l’interdire, comme le recommande la Convention Citoyenne pour le Climat (voir leur proposition ici) et le Résistance à l’Agression Publicitaire (R.A.P.) (Voir Manifeste ci-après) .
MANIFESTE DE L’ASSOCIATION Résistance à l’Agression Publicitaire (R.A.P.)
OMNIPRÉSENTE
Quelqu’un qui souhaite vivre en société ne peut pas échapper à la publicité. Chaque personne reçoit en moyenne entre 1200 et 2200 messages publicitaires par jour. Entre 300 et 500 milliards de dollars US sont dépensés pour la publicité dans le monde. Mais il n’y en aura jamais assez pour elle ! Son matraquage est incessant et ses intrusions toujours plus sournoises sur de nombreux supports : panneaux et écrans dans l’espace public, télévision, radio, téléphone, internet, transports en commun, bâches de chantier géantes, etc.
De nombreuses disciplines scientifiques (psychologie, neurobiologie, sociologie, etc.) et ressources créatives sont utilisées pour accroître la puissance de son influence. La publicité est un vecteur de normalisation considérable de la pensée et des comportements : elle impose d’autant mieux ses modèles qu’elle pénètre l’intimité des familles. Mais non contente de s’introduire dans les foyers et d’influencer les enfants dès leur plus jeune âge, la publicité fait progressivement son entrée dans les écoles (matériel pédagogique griffé, partenariats, ventes de boissons, etc.). Avec la sponsorisation, elle altère l’esprit du sport et s’immisce dangereusement dans la culture.
DOGMATIQUE
La publicité propage des idéologies néfastes : sexisme, ethnocentrisme, culte de l’apparence, du « tout, tout de suite », compétition, matérialisme, conformisme, violence, maigreur et jeunisme. Elle n’hésite pas à jouer sur nos pulsions, nos souffrances et nos frustrations pour nous vendre cette recette trompeuse qu’est le bonheur par la seule consommation.
La publicité génère la violence à la fois chez ceux qui ont les moyens d’écraser les autres de leur pouvoir d’achat, et chez ceux qui sont exclus de ce pouvoir, mais restent persuadés qu’acheter est l’unique clef du bonheur. Humiliés de ne pouvoir atteindre les « modèles de vie » que célèbrent les médias, ceux-ci vivent une frustration sans fin. La publicité pousse ainsi à la consommation dans un mépris total des réalités humaines, écologiques, et sociales.
LIBERTICIDE
L’envoi de messages publicitaires se fait à sens unique sans réponse possible. Elle a le monopole de l’expression dans l’espace public qu’elle privatise de par son omniprésence. Elle s’impose aux yeux des passants qui n’ont pas droit à la liberté de réception.
La publicité lie financièrement les médias de masse aux exigences des annonceurs-entreprises. Elle les pousse et les réduit à ne rechercher que le « chiffre » et l’audimat au détriment de la qualité et de l’esprit critique.
Elle crée aussi un danger pour l’information : avec la menace de retirer les budgets dont les médias dépendent, les pouvoirs économiques deviennent intouchables, compromettant l’indépendance des médias.
Les outils techniques de communications numériques – internet, écrans publicitaires, téléphone mobile – sont les yeux et les oreilles du système publicitaire. Après des décennies d’agression visuelle, la publicité se nourrit désormais de nos données personnelles pour accroître son talent manipulatoire. Organisé par quelques grandes multinationales, ce fichage généralisé et centralisé de la population mondiale, contre lequel il est bien difficile de se prémunir, échappe la plupart du temps aux réglementations nationales. Jamais dans l’histoire de l’humanité, il n’y a eu de système de fichage aussi bien renseigné : bien et même davantage que dans les États totalitaires.
INÉGALITAIRE
Avec le système publicitaire actuel, seuls ceux qui ont de l’argent peuvent communiquer massivement de façon pérenne. Une grosse entreprise peut facilement se doter d’une image positive et vendeuse même si elle a des mauvais produits à vendre et un comportement irresponsable. Au contraire, un petit producteur aux procédés éthiques se retrouve noyé, faute de moyens…
La publicité est le carburant de l’économie libérale et industrielle, exploite sans vergogne les ressources des pays pauvres en prétendant les aider, renforce les inégalités et réserve la richesse à ceux qui en ont déjà trop.
La publicité est massivement au service d’une poignée d’entreprises multinationales hégémoniques qui s’en servent pour étouffer toute concurrence. En 2014, en France, 672 annonceurs effectuent à eux seuls 80 % des investissements publicitaires dans les médias nationaux. Rapporté aux 3 millions d’entreprises françaises, cela donne donc moins de 2 entreprises sur 10 000 ayant la capacité d’être largement visible du grand public.
Elle construit un système de prétendue compétition où ce n’est pas vraiment le meilleur qui gagne mais le plus riche. À coups de millions, les groupes de pressions ou lobbies (nucléaire, automobile, alcool, tabac …) font leur propagande quels que soient les risques pour l’environnement et les répercussions sur la santé physique et mentale.
COÛTEUSE
La publicité et ses services ne sont jamais gratuits que ce soit dans l’espace public (mobilier urbain), dans les médias ou ailleurs.
En tant que consommateurs, nous payons son coût en achetant des produits vantés par la publicité, puisque le coût de celle-ci est inclus dans le prix de la vente. Les annonceurs ont dépensé 29,6 milliards d’euros en 2014 en France (soit 447€ par habitant).
La publicité crée de faux besoins et provoque des dépenses inutiles et le sur-endettement. Le mythe du bonheur, la frustration et la déception continuelle de la consommation suscités par la publicité sont un cercle de dépendance sans fin.
En poussant à une consommation superflue et futile, la publicité contribue à l’épuisement des ressources et à la création de déchets aussi polluants que coûteux, et dont nous payons le retraitement en tant que contribuables ainsi que les conséquences sanitaires (obésité, anorexie, surcharge cognitive,…), sociales et environnementales à long terme en tant que citoyen. Ainsi, par exemple, en va-t-il des 31 kilos de prospectus par an et par boîte aux lettres qui vont généralement directement dans nos poubelles…