[QUELLE LAÏCITÉ DANS LES LYCÉES ?]
La préfecture a annoncé la résiliation du contrat liant à l’État le groupe scolaire Al-Kindi, établissement de la région lyonnaise. Ce qui signifie l’arrêt du versement d’une subvention annuelle de deux millions d’euros et la fin de la possibilité d’un statut de boursier pour les élèves de milieu social défavorisé qui fréquentent cet établissement. Ce groupe scolaire est d’obédience musulmane, comme de nombreux autres de la région sont d’obédience chrétienne. Il ne nous appartient pas de juger de la validité de la décision préfectorale. On peut seulement remarquer que le lycée catholique Stanislas, dont un rapport de l’Inspection générale avait mis en lumière l’homophobie, le sexisme et l’autoritarisme, le manquement à certains programmes, ainsi que l’utilisation d’une procédure frauduleuse pour Parcoursup, continue lui de recevoir les subventions publiques…
Laurent Wauquiez a surenchéri sur la décision préfectorale en déclarant : « pas un euro de la région Auvergne-Rhône-Alpes n’ira à cet établissement » (cité par Mediapart). Cet empressement n’a malheureusement rien à voir avec la volonté de faire respecter la laïcité. Sous sa présidence, la région Rhône-Alpes a versé, entre 2016 et 2023, 261 millions de plus que la loi ne l’oblige à le faire, aux lycées privés de la région, pour l’essentiel catholiques. Ce deux poids deux mesures, cette rigueur qui ne s’applique qu’aux seuls musulmans fragilisent notre lien social.
Fidèle au serment de Vincennes, le Collectif 88% condamne le financement par l’État d’établissements scolaires privés. Les fonds publics doivent aller à l’Ecole Publique qui en a grand besoin, à l’heure ou des suppressions de postes massives ont été envisagées. Même si elles sont mises à mal par les réformes libérales de ces dernières années, les missions de l’École Publique devraient être d’apporter les savoirs nécessaires aux élèves et d’assurer la formation citoyenne des générations futures hors des influences religieuses ou patronales, dans un cadre de mixité sociale. Le juste respect des lois laïques est une condition essentielle de notre paix sociale et de notre démocratie.
(La caricature ci-dessous a été réalisée en exclusivité pour le Collectif)
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