En permettant la réouverture des lieux de culte, un mois avant une hypothétique réouverture des théâtres, salles de cinémas et autres restaurants et bars, le gouvernement trahit la lettre et l’esprit des lois laïques. De fait, il établit une hiérarchie entre les activités cultuelles et les activités culturelles, que rien dans la loi ne lui permet de reconnaître.

Les artistes ont beau manifester, pétitionner, rien n’y fait. Les restaurants et bars sont pour beaucoup au bord de la faillite avec les dramatiques conséquences en termes d’emploi que l’on imagine, mais le gouvernement reste sourd à leurs demandes. Aux évêques, il suffit de lever un sourcil pour obtenir satisfaction.

Il est vrai que la psalmodie et la prière s’accommodent fort bien du bâillon, à la différence de la parole libre portée par les artistes. Il est vrai aussi qu’on ne peut pas être surpris de ces décisions de la part d’E.Macron qui avait déclaré à la conférence des évêques de France : « Nous (lui et G.Potier, le président de la conférence épiscopale) partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Église et L’État s’est abîmé, et qu’il vous importe à vous comme à moi de le réparer ». Il compte sûrement, en échange de ses bons et loyaux services, sur les sermons à venir pour rappeler que « trop de nos concitoyens qui pensent que ce qui est acquis, est devenu naturel (…) que la fraternité dont on parle, c’est une question d’argent public et de politique publique et qu’ils n’y auraient pas leur part indispensable ». Charité plutôt que droits sociaux égalitaires, espérance dans un au-delà glorieux pour faire oublier l’injustice de sa politique ici et maintenant : il ne détesterait pas que les religieux lui donnent un coup de main pour soumettre le bon peuple et lui faire prendre le messie pour une lanterne.

Après la matraque de la gendarmerie et des forces de polices, les prières des bergers pour endormir le troupeau. La vieille histoire du sabre et du goupillon. Vous avez dit « monde d’après » ?